2 févr. 2012

Les inégalités sociales sont le principal facteur de risque pour le monde en 2012. Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait?

Tous les ans, le World Economic Forum publie un rapport sur les principaux risques qui pèsent sur le monde et qui pourraient avoir un impact important dans les mois à venir, et a plus d'une fois anticipé les crises mondiales. La palme 2012 revient aux inégalités sociales et aux écarts de revenus entre les riches et les pauvres. L'effet Occupy Wall Street? La conséquence des crises en Afrique du Nord? 

Bien que peu surprenante a priori, l'apparition des inégalités sociales comme un risque pour la prospérité mondiale est en fait le contre pied d'une idée reçue des leaders politiques et économiques: la lutte contre les inégalités freine la croissance économique. En effet, il semble évident que mettre en place un système de protection sociale, de lutte contre les exclusion, de santé publique accessible à tous, d'accès au logement exige des ressources qui à leur tour justifient des prélèvements obligatoires, baissent la compétitivité des entreprises et/ou le pouvoir d'achat des communautés locales, etc. Cette idée ne date pas d'hier: dès 1974 l'économiste Okun démontrait par les chiffres que les choix politiques sont un compromis entre croissance et bien-être social

Ce que le rapport des risques du World Economic Forum nous dit, c'est que si la lutte contre les inégalités a un coût, l'accroissement du fossé entre les priviégiés et les exclus est de plus en plus risqué, et son coût de par conséquent de plus en plus lourd. Car certes il faut des moyens pour développer un système social, mais il faut des moyens de plus en plus important pour faire tenir un système inégalitaire en place et y permettre une prospérité économique. L'OECD s'est également penchée sur la question et a établi un ensemble de champs d'interventions pour lesquels l'action politique peut avoir un effet positif à la fois pour l'équité sociale et la croissance économique. Sans surprise, il apparaît qu'investir dans l'éducation, l'insertion sociale et économique des immigrants, la prévention du chômage est très rentable, et ce sur tous les plans. 

Espérons que ce message trouvera un écho dans l'oreille des leaders qui en période de crise coupent les budgets dédiés aux programmes sociaux et favorisent les intérêts économiques des grandes entreprises et des privilégiés. Ils parviendront peut-être à limiter les chiffres de la crise économique sur le court terme, mais la crise sociale latente n'en sera que d'autant plus menaçante, et la facture sur le long terme d'autant plus salée.

En tout cas, ils auront été prévenus.