14 sept. 2011

Passer d'une culture d'évaluation à une culture de performance

... évaluation, évaluation... Le mot est sur toutes les lèvres. Surtout dès qu'il est question de dérives associatives, de trous dans les dépenses publiques, de la professionalisation du secteur social, de la concurrence pour accéder aux financements privés, ou encore de la nécessaire mise en place de modèles économiques pérennes.

Mais la vérité c'est que l'enjeu ne se situe pas au niveau de l'évaluation. Avez-vous déjà étudié une structure de l'économie sociale et essayé d'évaluer son impact social? Il faut d'abord comprendre toutes les arcanes de son fonctionnement - qui, quoi, comment, combien, où, avec quels moyens... Il faut ensuite définir des indicateurs, quantitatifs et qualitatifs, qui permettront de capturer les résultats de l'action, avant de collecter des données. Il faut enfin positionner cet impact dans le champ plus large du problème et des autres parties prenantes pour évaluer à quel point cet impact est attribuable à la structure, et dans quelle mesure il est bon (ou non).

Autant dire que c'est une mission complexe, voire impossible. Définir ex ante les indicateurs de performance signifie qu'on a rarement pris le temps de collecter des données pertinentes, et que les calculs sont imparfaits. Les hypothèses nécessaires à toute évaluation biaisent également son résultat. La consolidation de données réduit la dimension quantitative de l'impact, et sa monétisation est forcément artificielle. Enfin le degré d'attribution est par définition subjectif.

Faut-il pour autant arrêter d'évaluer? Bien sûr que non. Mais l'évaluation doit apparaître comme un moyen, et non comme une fin, pour accompagner les structures, les équipes et leurs parties prenantes vers une culture de la performance. Une première évaluation permet de mettre en évidence des indicateurs à suivre, les points de tension et d'inexactitude, les approximations dans les pratiques et la communication. Elle permet aussi de souder les équipes autour d'une vision commune et d'avancer ensemble, plus vite vers un même but.

J'ai commencé à m'intéresser à l'impact social le jour où j'ai compris que l'essentiel de l'évaluation a lieu avant l'action, et non après. C'est parce qu'on s'est fixé des objectifs et un cadre, parce qu'on a défini les leviers à pousser et les points sur lesquels insister qu'on fait réellement une différence. L'évaluation n'est qu'une étape d'un processus, qui assure qu'une organisation garde le cap de l'impact social qu'elle cherche à produire, et que ses équipes restent mobilisés et aligné dans une vision commune de performance.

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